ESPOIR par Hikari

ESPOIR

Chapitre 1


Sarah.
Plus je lis tes lettres et plus je me rend compte à quel point tu es formidable. Si tu savais comme je suis fière de toi et tu sais que ta mère le serait aussi. Tu as déjà accompli énormément de choses, beaucoup plus que je ne pourrais jamais le faire. Partir a été la meilleure chose à faire, tu as pris la bonne décision, car tu sais que je n'aurai jamais pu t'apporter autant.
Continues ainsi, le destin t'a conduis au Japon et t'a offert une vie merveilleuse.
Henri.

Henri. C'était la deuxième lettre que je recevais de lui depuis 10 ans. La première je l'ai reçu quelques mois après mon arrivée à l'okiya. De mon côté je n'avais pas cessé de lui en envoyer, maintenant j'ai la preuve qu'il les a bien reçus. C'est tout Henri, il est comme ça, une personne discrète et réservée, mais qui pense à moi. Le décès de ma mère a été pour lui un choc très brutal, qui l'a enfermé dans un impénétrable cocon de désespoir. Pour moi aussi ça a été un grand choc mais je suis plus solide.
Même si nous n'avons jamais été très proche, il reste ma seule famille et moi je l'ai abandonné … C'était il y a dix ans de ça, j'ai décidé de quitter mon petit village de Bretagne pour m'envoler pour le Japon et recommencer ma vie à zéro, je n'aimais pas ma vie et je voyais plus grand. A l'époque je n'avais que seize ans et je me rend compte aujourd'hui à quel point j'étais inconsciente. J'étais partie avec très peu d'affaires et d'argents. Étant mineure et étrangère personne ne voulait me louer une chambre. Ainsi je me suis vite retrouvée à la rue, faisant la charité aux passants de Kyoto. Parfois certains m'offraient le gîte et le couvert, mais jamais plus d'une nuit. Je décidais donc de chercher du travail mais là non plus ce n'était pas facile, toujours en raison de mon âge. Je finis par faire du porte à porte proposant mes services en tant que bonne en échange d'un endroit ou manger et dormir. Malheureusement je passa une semaine sans rien trouver. Un soir, étant morte de faim j'échouai près de ce qui me semblais être un restaurant. Je pris donc mon courage à deux mains pour aller demander gracieusement quelque chose à manger. J'entrais donc dans l'enceinte de ce magnifique bâtiment, une petite allée parsemée de gravier, entourée de part et d'autre par un petit jardin avec une fontaine, menait à l'entrée. Je fus alors éblouie par la beauté des lieux. Je fis coulisser la porte d'entrée et me retrouva dans un long couloir vide. Je longeais donc ce couloir jusqu'à entendre des voix provenant d'une des pièces. Une fois arrivée devant, je m'apprêtais à faire coulisser la porte quand celle-ci s'ouvrit d'elle même. Une femme se tenait devant moi, elle était vêtue d'un magnifique kimono bleu pâle, dessus on pouvait voir une branche de cerisier tout au long du vêtement ainsi que quelques fleurs. Je la trouvais très élégante. Quand elle me vit elle se pressa de refermer la porte et m'entraîna le long du couloir en me tirant par le bras, jusqu'à la porte par laquelle je venais d'entrer.
-"Que fais-tu là petite ? Me dit-elle d'un ton sévère.
-Madame, pardon mais je meurs de faim.
-Va voir ailleurs, on n'entre pas dans une maison de thé comme dans un fast food, petite inconsciente... Rétorqua t' elle en me jetant dehors.
J'allais répondre quelque chose quand elle dit d'une voix anormalement douce :
-Konnichiwa Momoko -sama ! Nous vous attendions, veuillez me suivre s'il vous plait."
Ce que je vis à ce moment là m'éblouis. Une jeune femme était là, vêtue elle aussi d'un kimono. Mais elle n'avait rien à voir avec l'autre femme. Elle, elle était beaucoup plus belle. Contrairement à l'autre femme son visage était d'un blanc angélique, et ses lèvres d'un rouge sang. Elle ressemblait à une poupée de porcelaine. Sa coiffure était d'une perfection étonnante, ils étaient d'un noir brillant et plusieurs ornements trônait majestueusement sur sa coiffe. Son kimono était d'un noir intense, dessus on pouvait voir une rivière traversée d'un petit pont, dans cette rivière il y avait des poissons qui sautaient dans les airs gracieusement. Je trouvais ce kimono magnifique et passionnant, il racontait une véritable histoire. Mais ma contemplation s'arrêta car la jeune femme entra dans la maison de thé en me jetant un regard bref. Puis l'autre femme la suivi en fermant la porte derrière elles, me laissant là, toute seule. Je venais de rencontrer une geisha, mais ça je ne le savais pas encore.
Je me suis donc remise en marche et étrangement je croisais de plus en plus de geisha, ces femmes au visages blancs, toutes vêtues de kimonos somptueux. Elles, elles ne me remarquaient même pas, personne ne me remarquait. En même temps qui pouvait porter attention à une petite occidentale sans intérêt face à ces magnifiques créatures? Le cœur lourd de tristesse, je continuais tant bien que mal à marcher, sans savoir quoi faire, ni où aller. Je n'avais plus d'argent, j'avais froid, faim et j'étais exténuée. Personne ne voulait de moi, j'étais désespérée. A ce moment là je me suis rendu compte à quel point j'avais été idiote de vouloir partir comme ça et voilà que j'en payais le prix.
Je finis tout de même par trouver un toit. C'était le même soir que ma rencontre avec la geisha mais beaucoup plus tard. J'étais assise sur une marche, en face d'une maison en train de somnoler quand j'entendis dans mon dos quelqu'un qui m'interpela :
-"Hé petite ! Il faut pas rester là !"
Je sursauta et me releva d'un bond, mais mon manque de force et la vitesse à laquelle je me suis relevé me fit tourner la tête et je m'évanouis avant d'avoir pu voir le visage de la personne qui m'avait parlé.